3096 jours – Natascha Kampusch

Enfance, détention et liberté

En août 2006, après huit années de séquestration, l’autrichienne Natascha Kampusch parvient à s’échapper  de l’oppression de son bourreau. Ce faits divers a fait couler beaucoup d’encre à l’époque, les journalistes prêchant le vrai comme le faux. Natascha Kampusch a donc décidé de raconter elle même son histoire afin de mettre fin aux informations erronées qui circulaient sur elle et sur le ravisseur.

Natascha nous raconte d’abord son enfance, le divorce de ses parents, l’attitude froide de sa mère à son égard, ses problèmes de confiance en elle et son irrépressible envie de grandir, d’atteindre l’âge de 18 ans pour enfin commencer sa vie.

C’est cette volonté d’indépendance qui poussa Natascha à demander l’autorisation de se rendre à l’école seule à pied. Le matin de son enlèvement, Natascha part sans un au revoir pour sa mère avec qui elle s’est disputée la veille. Sur le chemin elle aperçoit un homme adossé à une camionnette. Connaissant les histoires de pédophilie très présente dans les médias de l’époque Natascha se méfie mais  décide de ne pas  changer de trottoir, après tout il ne peut rien lui arriver.

C’est alors que débute son calvaire qui durera huit ans.  Le ravisseur, comme elle le nomme dans le livre, souhaite avoir une esclave, quelqu’un qui répondrait à ses moindres fantasmes, une compagne, une amie, une femme de ménage. Entre humiliation et scène de violence, Natascha parvient à tenir  en n’oubliant jamais qu’elle est une personne, que sa vie ne peut se limiter à cet enfer et qu’un jour elle parviendra à fuir.

J’ai été particulièrement surprise par la force de cette jeune femme, son courage ainsi que par sa grande sensibilité. Pour Natascha, rien n’est tout noir  ou tout blanc. Elle parle souvent de nuances de gris pour expliquer sa détention : même dans l’horreur Natascha est parvenue à vivre quelques scènes de normalités. Plus que tout Natascha a compris qu’il était nécessaire de pardonner à cet homme ses actes afin de ne pas sombrer elle même.Natascha ne veut pas entendre parler de syndrome de Stockholm : si son seul référent au genre humain était un monstre durant huit ans, il fallait apprendre à vivre avec le monstre  et être reconnaissante des quelques moments de calme.

 » Rien n’est seulement noir ou blanc. Et personne n’est seulement bon ou mauvais. Cela vaut également pour le ravisseur. Ce sont des phrases que l’on n’aime pas entendre de la part des victimes d’enlèvement, car elles brouillent le schéma précis du bien et du mal que les gens préfèrent adopter pour ne pas se perdre dans un monde qui serait fait de nuances de gris. Lorsque je parle de cela, je peux voir l’irritation et le refus sur les visages de personnes extérieures aux événements. L’empathie envers mon destin fait place au rejet. » p.189

 » A l’époque, je m’agrippais à toute manifestation d’humanité aussi légère fût-elle, parce qu’il me fallait absolument voir le Bien dans un monde auquel je ne pouvais rien changer, et en un homme avec qui je devais composer par la force des choses » p. 205

C’est un livre tout en pudeur. Natascha Kampusch nous raconte sa détention, la violence des coups quotidiens, la peur croissante, la faim, mais jamais elle ne nous met dans le rôle de voyeur. Certains détails ne seront pas divulgués, il ne s’agit pas de faire le procès du ravisseur mais d’expliquer son expérience, de permettre aux gens de comprendre ou du moins de savoir.

3096 jours dans la vie d’une jeune fille qui ne peut que nous impressionner par sa force.

JC Lattès – 305 p.

9 réflexions sur “3096 jours – Natascha Kampusch

    • Non je ne connaissais pas. C’est la première fois que je lis un livre témoignage et ce genre de sujet – bien qu’il soit glauque – m’intéresse. Room a l’air bien, merci du conseil 🙂

  1. Ouh justement à l’époque je me demandais si un jour elle nous sortirait un livre sur son « aventure », j’avoue avoir été très curieuse par cette affaire. J’étais pas du tout au courant de ce livre, je le mets dans ma PAL illico. Merci pour l’article

    • Surtout qu’on a la même tranche d’âge qu’elle à peu près ( à un an près pour moi) et lire ce livre et se dire qu’en même temps j’étais en CM2…euh :/. En tout cas si son histoire t’intéresse tu peux le lire sans problème, on ne ressort pas de ce livre traumatisé et c’est en partie ce qui fait sa force !

  2. J’ai moi aussi été attirée par ce livre… pas tellement par esprit de voyeurisme mais par désir de comprendre. Aussi parce que c’est la victime elle-même qui l’a écrit et qu’ayant eu l’occasion de l’entendre dans les médias, c’est une personne des plus étonnantes ! Cela me donne vraiment envie d’en savoir plus sur elle.

    • Comme toi, le fait que ce soit la victime qui s’exprime directement est la raison pour laquelle je l’ai lu. Je ne lis jamais de témoignage, il n’y a vraiment que celui-là qui a pu m’intéresser jusqu’ici. S’il te tente je te le recommande, il se lit très vite en plus !

    • Oui j’ai entendu parler de celui là mais il me tente beaucoup moins, le côté mi fiction-mi fait réel.
      En tout cas merci de ton passage 🙂

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